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Le LPC

Orin Cornett est un physicien américain, qui fut doyen du Gallaudet College de Washington.

Le Gallaudet est une université américaine qui dispense un enseignement en Langue des Signes. Ce génial chercheur s’étonnait régulièrement de ce que ses étudiants rechignaient devant les recherches bibliographiques et d’une manière générale étaient en délicatesse avec la lecture.

Il partit de l’hypothèse suivante: la maîtrise d’une langue écrite (et donc de la lecture) n’est possible que s’il y a auparavant maîtrise de la langue orale, or ses étudiants sourds n’avaient pas cette maîtrise de l’anglais oral du fait de la prédominance de la langue gestuelle dans leur éducation passée.

Il s’attela donc à imaginer un système qui permettrait aux personnes sourdes d’acquérir la maîtrise de cette langue orale, alors même qu’elles n’entendent pas.
Le cahier de charges du Docteur Cornett était donc le suivant:
un système qui complète la lecture labiale et donc s’exécute près du visage,
un système qui s’adapte parfaitement à la parole : rythme, signification, prosodie…
un système qui soit accessible aux jeunes enfants sans qu’ils aient à suivre un enseignement astreignant, un système à la portée des parents qui veulent fournir un effort raisonnable pour aider leurs enfants.

Le Dr Cornett a donc développé un procédé visuel de communication qui permet de différencier chaque syllabe, chaque son de la chaîne parlée.

Le principe de la méthode est d’user de deux sources visuelles d’information : l’articulation (la forme des lèvres) et la configuration de la main, l’une
complétant l’autre, et de les fondre en un seul procédé de communication pour les sourds. Ainsi les mouvements des mains combinés à ceux des lèvres
donnent une information complète, sans aucune ambiguïté.

Dans la version française (L.P.C.) de cette technique, huit configurations des doigts de la main et cinq positions de la main autour du visage sont
utilisées en synchronisation parfaite avec la parole.


Les configurations de doigts donnent l’indication des consonnes.
Les positions de la main par rapport au visage donnent les voyelles.
Ainsi chaque clef codée combine une indication de type consonne + voyelle et permet de caractériser un phonème.

Le code LPC s’utilise simultanément à la parole: c’est une restitution visuelle et sans ambiguïté de la totalité de la chaîne parlée, dans toute sa richesse et dans toutes ses nuances.

Le L.P.C. permet de présenter à l’enfant l’intégralité de la chaîne parlée. Il va donc s’imprégner du vocabulaire, de la syntaxe; les petits mots (conjonctions, adverbes, quantificateurs ) si importants pour comprendre les nuances de la langue, les articles, les terminaisons de verbes, tout lui sera restitué. Ainsi l’enfant sourd va accumuler un bagage linguistique oral qui lui permettra d’entrer dans l’écrit, au même âge qu’un enfant
entendant et, point essentiel, d’accéder au sens de ce qu’il lit.

Or, si l’accès au sens de l’écrit conditionne tous les apprentissages, quelque soit
l’âge, c’est aussi par ce biais que les personnes sourdes compensent leur déficit d’informations orales.

L’entrée dans la lecture est donc un point déterminant dans le parcours de l’enfant sourd et le L.P.C. représente un apport déterminant.
Encore une fois, il ne faut pas confondre perception de la langue et production. Le L.P.C. est une aide à la réception de la parole et à la maîtrise de la langue maternelle. Il aura un effet positif sur le versant production, dans la mesure où le français restitué par l’enfant (à l’oral ou à l’écrit) a de fortes chances d’être de bonne qualité.

En revanche, le L.P.C. n’est d’aucune utilité pour aider à la production sonore de l’enfant c’est à dire son articulation et le placement de sa voix. Il existe pour cela des méthodes, qui relèvent de la prise en charge orthophonique.

Utilisé depuis bientôt vingt cinq ans en France, le L.P.C. a apporté la preuve de son efficacité.

Cependant il existe des enfants et des familles pour lesquels il n’a pas été à la hauteur des espérances. Les principales raisons d’échec sont les suivantes:
– Difficulté à capter le regard de l’enfant dans les premiers mois et découragement des parents devant l’absence de retour de la part de l’enfant
– Codage trop épisodique : les parents ne parviennent pas à une maîtrise suffisante, le codage est hésitant, saccadé, freine la spontanéité et l’enfant s’en détourne.
– Le canal visuel (codage) entre en concurrence avec des restes auditifs relativement importants. C’est le cas d’enfants sourds sévères et de certains enfants implantés.

En absence de L.P.C. ; il faut en général s’attendre à des désillusions quand ils abordent l’écrit.

Conçu pour aider les familles à transmettre leur langue maternelle, le L.P.C. a trouvé des prolongements à l’école.

Pourquoi en effet ne pas permettre à l’élève de recevoir l’intégralité du discours de l’enseignant ?